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Joseph et la luciole


Je vous présente une nouvelle que j'ai écrite quand j'étais plus jeune : Joseph et la luciole.

Je l'ai réécrite plus récemment, afin de vous l'offrir ! Bonne lecture...

Dans un petit bois près de Sarrdgaz, un minuscule mais joli patelin, il y avait une vieille maison en bois où habitait une dame de 173 ans (disait-on). Son petit-fils, Joseph, lui rendait visite chaque été, bien qu'il habitât très loin : dans la grande ville de Salt.

Enfin, son arrière, arrière, arrière, arrière petit-fils.

En fin de matinée, un nuageux jour de juillet, Joseph et sa grand-mère Marthe (car tel était son nom) partirent en balade.

Joseph ayant dix ans, il fut pris d'une soudaine bouffée d’énergie tellement coutume chez les enfants de son âge, et s'élança. Il courut, courut, riant aux éclat et transpirant à grosses gouttes (bien que le ciel soit voilé, il n'en faisait pas moins chaud).

Puis très vite, pila net.

Il ne reconnaissait plus la forêt, qu'il croyait connaître comme sa poche.

- Mamie ?

Pas de réponse.

Il revint sur ses pas, persuadé de juste être allé trop loin, sans se douter de ce qui l'attendait vraiment... Pendant deux heures, vingt-sept minutes et trois secondes, Joseph appela :

- Mamie ? Mamie ? Mamie ?

Mais il n'eut pas de réponse à ses appels.

Le soir, alors que la face fantomatique de la lune se dessinait – les nuages étaient partis et c'était la pleine lune – Joseph se prépara pour sa première nuit à la belle étoile, tout seul, à dix ans.

A dix ans seulement.

Il frissonnât ; il avait peur, horriblement peur. Même son hippocampe en peluche, qu'il avait enfermé dans un placard l'automne dernier car il se jugeait trop grand à présent, lui manquait.

- Je veux mon hippocampe, dit-il les larmes aux yeux, dans la nuit si noire malgré la lune.

Sa vue se brouilla. « Je ne veux pas pleurer », se dit le garçon. Alors il refoula ses larmes, et attendit.

Quoi au juste ? Lui-même ne savait pas. Ou plus. Le pauvre s'embrouillait dans ses pensées, tétanisé par le froid et la peur.

« Je ne veux pas pleurer, je ne veux pas pleurer ».

Mais malgré son insistance à ne pas pleurer, il finit par céder, et lâcha quelques sanglots.

Par dessus ses larmes, il vit une lueur bleue s'approcher progressivement. Joseph sécha ses larmes et, abasourdit, regarda la lueur s'approcher.

- Une lueur bizarre, maintenant, dit le garçon à voix haute. Bah, au point où j'en suis.

A ce moment seulement il comprit que c'était une luciole, qui diffusait cette jolie lumière.

Quand la luciole pila net face à lui, il eut une désagréable impression de déjà-vu : cette luciole était-elle perdue elle aussi ?

Puis, la petite créature se remit progressivement à s'éloigner.

Sans trop savoir pourquoi, Joseph la suivit. Dans son périple, il manqua de la perdre de vue plusieurs fois, et trébucha beaucoup.

Alors l'incroyable se produit : il aperçut la maison de sa grand-mère Marthe.

Sa première pensée fut « Cette luciole n'aurait pas pu venir plus tôt ? J'allais mourir de peur ! » mais il la refoula en se disant que c'était une pensée stupide et qu'il devait une fière chandelle à cette luciole.

D'ailleurs, où était-elle passée, celle-là ?

La luciole, déjà lointaine, clignota trois fois et s'en fut.

Joseph approcha lentement son poing de la porte, et se ravisa. Il récupéra la clé sous le gnome de jardin, et rentra. Il entendit la voix de sa mamie qui disait :

- Oui, je ne sais plus quoi faire. D'accord, j'ai bien compris, mon bon monsieur, que vous êtes débordés, mais pressez-vous ! Cela fait presque dix heures que Joseph a disparu !

- (voix inaudible)

- Je ne suis pas une idiote, j'ai bien compris ! Mais Joseph n'a pas fugué ! (sa voix tremblait)

- (voix inaudible)

- Non, je n'ai pas besoin de repos ! Je m'en vais de ce pas le chercher !

- MAMIE ! Hurla Joseph.

Sur ce, Marthe lâcha le téléphone qui se brisa net au sol. Elle n'accorda qu'un bref regard au téléphone.

- Ouahh...

Joseph s'étira, et se remémora la scène quelques heures plus tôt : Sa mamie si heureuse de le revoir qu'elle en pleurait, et qui écoutait son récit.

Une journée sans importance quelconque s'écoula, où Joseph et Marthe firent de tout, mais n'allèrent pas se balader...

Le soir, quand Joseph se borda tout seul, il ouvrit la fenêtre comme à son habitude pour faire rentrer l'air frais.

Il aperçu alors une drôle de lumière bleue, qui s'approchait de la maison. Ne sachant comment réagir, il se dressa soudainement sur son lit et...

… Attendit.

Quatre-vingt quatre secondes s’écoulèrent avant que la luciole ne rentre dans sa chambre...

… Et se pose sur son lit.

Muet comme une carpe, Joseph compta les secondes en observant attentivement le petit insecte.

La luciole resta soixante-neuf secondes. Passé ce délai, elle s'envola et ne fut très vite plus qu'un petit point bleu à l'horizon.

Chaque soir, la luciole revenait, et restait chaque fois quatre secondes de plus. Quatre secondes que Joseph savourait.

Et fin août arriva. Le vingt-neuf août, date où Joseph revenait chez lui, chez ses parents, à Salt.

Il doutait de revoir la luciole, vu que Salt...

Était de l'autre côté du globe.

Le jour même, quand Marthe le déposa dans l'avion aux mains d'une hôtesse à l'air bienveillant, Joseph sentit les larmes revenir. Ce qui lui rappela sa nuit passée en partie dans la forêt.

Et bien sûr, la luciole.

Les portes de l'avion se refermaient lentement, Marthe dévisageait Joseph avec du diamant dans les yeux.

Que dire, que faire à cet ultime instant ?

Beaucoup de gens vous diront que c'était totalement déplacé le dernier mot que Joseph adressa à sa grand-mère. Mais pour lui, c'était l'évidence même.

Joseph dit :

- Luciole.

Quelques instants plus tard, l'avion décollait.

Arrivé à Salt, tout lui parut transparent : les immeubles, les voitures, l'aéroport, ses parents si heureux de le revoir, le bruit ambiant...

Sa maison aussi.

Sauf sa chambre. Il la voyait très nettement.

Le soir, Joseph ouvrit la fenêtre.

Par quel hasard ? Quelle magie ? Et était-ce la même luciole ?

Vous n'aurez pas de réponse à ces questions. Joseph lui-même se le demanda le reste de son existence.

Peu importe. En tous cas...

… Une petite lumière bleue zigzaguait entre les poteaux et se dirigeait vers la fenêtre de la chambre de Joseph...

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