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Interview de Mélodie Le Rouzo, écrivain public et biographe


Une machine à écrire indique "Ready to get published": prêt à être publié

Voici l'interview de Mélodie Le Rouzo, écrivain public. J'espère qu'il vous plaira. N'hésitez pas à me suivre si vous souhaitez être prévenu.e pour les prochains articles publiés, notamment un autre interview.

Bonjour Mélodie Le Rouzo, écrivain public.

En quoi consiste le métier?

Les gens font appel à un écrivain public quand ils ne peuvent ou ne savent pas écrire, et qu'ils ont besoin de rédiger un courrier, une biographie, un récit de vie ou une lettre administrative.

Quelqu'un qui fait appel à un écrivain public a besoin d'un écrit et n'a pas le temps ou les capacités pour rédiger cet écrit. Donc cela va de la lettre au récit de vie. Il peut s'agir aussi de professionnels qui peuvent avoir besoin d'une communication, une plaquette, des textes pour le Web...

Vous aidez les gens pour les démarches administratives?

Non, c'est les assistantes sociales qui le font. On reçoit beaucoup d'appels de gens qui ne savent pas trop où se tourner, et là on les renvoie vers les assistantes sociales des communes. Nous, on gère vraiment l'écrit, pas les démarches sociales.

Qu'est-ce qui vous est le plus demandé?

Pour moi en l’occurrence, ce sont les récits de vie, les biographies, puisque c'est ma spécialité.

Pourquoi et comment faites-vous ce métier?

Je pratique à la maison, donc je suis en auto-entreprise, dans la catégorie profession libérale, et pourquoi parce que c'est ma passion, et que j'ai la grande chance de vivre de ma passion: l'écriture.

Un détail particulier de votre journée apprécié?

Les entretiens pour les gens avec lesquels j'écris.

Leur auto-biographie, leur mémoire, j'aime beaucoup ces moments là avec ces gens qui se racontent, qui se livrent, qui me parlent d'épisodes intimes de leur enfance. Ça implique de nouer une relation de confiance.

J'ai par exemple des récits de guerre particulièrement touchants, et je trouve qu'ils devraient être diffusés dans les écoles, parce-que maintenant les enfants ne savent plus, ne savent pas ce que c'est.

Ces gens-là vont disparaître et emporter avec eux la mémoire de ces événements qui pourraient très bien resurgir dans ces temps actuels, mais qu'on oublie...

C'est vraiment les récits de guerre qui me touchent particulièrement.

Comment peut se dérouler ce métier; une journée type?

C'est simple, le matin je vais faire de la rédaction (je rédige surtout le matin) et l'après-midi, j'ai trois ou quatre livres en cours en général, des clients à interviewer, des entretiens à faire, et ensuite je rentre à la maison et je commence à retranscrire les entretiens.

Donc en général j'écris les 5 matinées de la semaine et l'après-midi je vais retranscrire, voir mes clients, faire des factures, de la compta, des devis...

Parce que c'est aussi une entreprise à gérer, et c'est d'autres métiers; il faut tout apprendre, tout savoir faire. Il y a la comptabilité, les plaquettes, la communication sur internet, les flyers, le site internet, la communication d'entreprise... On apprend tout ça.

Quand on est seul.e, il faut tout faire. Il faut tout apprendre.

Que lisez-vous?

En ce moment, je lis un livre de Richard Ford, qui s'appelle ''Canada'', je viens de finir les ''Lumières de Pointe Noire'' D'Alain Mabanckou, je lis beaucoup de nouvelles pour mes ateliers, là je lis du Jean-Claude Dubois, du Saki, du Annie Saumont...

J'ai aussi beaucoup de livres à coté de mon lit qui portent sur le yoga et la méditation. Ils m'aident beaucoup dans mon processus d'écriture, surtout la méditation en conscience - faire les choses en pleine conscience. Ça veut dire observer la mer, les bateaux dans le détail, par exemple. S'arrêter, se poser. Et ça, ça m'aide beaucoup dans mes descriptions.

Ça enrichit l'écriture d'être capable de s'arrêter et d'observer les choses.

Qu'est-ce qui vous donne du plaisir en général dans le métier?

Des pages bien écrites! Et puis des clients satisfaits. Après, il y a aussi beaucoup de choses qui sont dures; l'écriture est un processus solitaire, des fois on est content de ce qu'on a écrit, des fois on n'avance pas, on est fatigué.e...

Quels atouts faut-il avoir pour faire ce métier?

Déjà, une bonne plume. Et ensuite, des qualités d'écoute. C'est vraiment très important.

Des qualités de bienveillance: il y a des gens qui viennent nous solliciter et qui sont dans une détresse absolue. Là, je vais commencer un récit de maladie avec une dame qui a un cancer. C'est très difficile. Il faut être capable d'empathie. Se mettre à la place d'autrui, puisque l'écrivain public disparaît derrière la plume. Les lecteurs ne sont pas censés savoir que c'est toi qui écrit. Donc il faut être capable de se mettre à leur place, vraiment. D'être dans l'empathie. D'être discret, aussi. En entretien, tu disparais. Tu relances, toujours, mais sans raconter ta vie! Tu es là pour recueillir la parole de l'autre. Donc, il faut être très à l'écoute.

Je dirais aussi de la justesse et de la finesse pour relancer au bon endroit... Sentir que derrière un blanc ou un sourire gêné, il y a quelque chose... Un secret de famille, un tabou... Quelque chose de caché. Donc il faut beaucoup de délicatesse aussi pour dire «Bon. J'y reviendrais. Quand ce sera le moment».

Il faut être organisé.e aussi: quand on en arrive à des récits de trois cent ou quatre cent pages, on doit pouvoir s'y retrouver.

Avoir une orthographe irréprochable. Être prêt à passer des heures en relecture! Mise en page, correction orthographique, syntaxique, grammaticale, tout cela prend un temps fou.

Il faut savoir faire des devis justes. Si tu veux vivre de ton métier, il faut savoir dire «désolé.e, mais là, ce que vous demandez m'est impossible». Donc savoir dire non.

Les demandes de retranscription de ces récits viennent de qui?

C'est souvent une demande qui vient des petits-enfants ou des enfants, qui souhaitent que cette histoire ne se perde pas. On dit souvent qu'une personne âgée qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle, et il y a des gens qui ont conscience de ça, qui vont demander à la personne de se raconter vers les quatre-vingt, quatre-vingt-cinq quatre-vingt-dix ans, quand ils sentent qu'elle pourrait partir avec toute cette histoire familiale; cette Histoire avec un grand h et cette ''petite'' histoire aussi.

Donc on couche sur papier ces souvenirs qui peuvent partir avec la personne.

Quelles formations vous conseillerez?

Souvent Lettres Modernes. Il y a aujourd'hui des cursus pour devenir écrivain public. Moi j'ai fait un diplôme par le CNED, maintenant il y a aussi une licence à la Sorbonne, assez réputée. Il y a aussi un DUT écrivain conseil à Toulon.

Merci!

De rien!

Dan Advocat, auteur

Mélodie Le Rouzo, écrivain public - biographe

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A bientôt!...

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