Interview de Marie Huot

Bonjour ! Bonsoir ! Bonne après-midi ! Bonne nuit ! Euh, enfin, s'il est 3 heures du mat, là, je suis flatté que tu sois sur mon site, mais il vaut mieux aller se coucher maintenant.

Bon ! Qu'a-t-on au programme aujourd'hui ?

Une interview...

Je te souhaite une bonne lecture !

Bonjour Marie Huot.

Qu'est-ce exactement, le rôle de bibliothécaire?

Mon rôle ici à la médiathèque, est celui de responsable de la bibliothèque adultes.

Par bibliothèque, j'entends les livres, car la médiathèque prête également des films, des disques, des partitions et des livres pour enfants par exemple.

Donc je suis responsable des livres adultes, c'est-à-dire de la collection que l'on trouve au rez-de-chaussée, ainsi que des fonds patrimoniaux (tout ce qui concerne notre ville et sa région). Et également des abonnements aux magazines, des bandes dessinées, des livres documentaires, et de la littérature. Roman, poésie, théâtre.

C'est un travail de bibliothécaire, c'est à dire constituer les collections et veiller à ce qu'elles soient toujours d'actualité, enlever les livres trop anciens comme les vieux guides de voyage, commander les ouvrages, renseigner les gens, faire des animations comme recevoir des auteur.e.s et animer un café littéraire ; ceci pour la partie purement bibliothécaire.

Mais étant donné que je suis aussi responsable de la section adulte, j'ai aussi une partie de gestion. Les budgets, les plannings, les réunions de direction, faire des choix comme établir les priorités...

Un détail de votre journée qui vous plaît particulièrement?

Ce que j'aime dans ce métier, c'est la finalité. Je ne la perds jamais de vue, je n'oublie jamais que la finalité de ce travail est de mettre en relation des livres et des gens ; c'est ce que j'aime le plus.

Le détail, ou le moment de la journée que j'aime le plus, c'est quand je suis au ''prêt'' ; au service public. A ce moment, je rencontre les lecteurs, je peux leur conseiller les livres que j'ai aimés.

Renseigner, aider les gens dans leur recherche. C'est ce qui me plaît le plus, cette finalité : pourquoi on constitue une collection ? Afin que cette collection trouve ses lecteurs.

Donc le conseil, l'accueil, c'est ce que j'aime faire le plus.

Comment et pourquoi êtes vous arrivée à ce métier ?

A vrai dire, je n'avais pas envisagé ce métier au départ.

J'ai fait des études de lettres, puisque j'aime particulièrement la littérature. Mais je ne voulais surtout pas enseigner. Et quelqu'un m'a dit « pourquoi pas bibliothécaire ? », oui, pourquoi pas ?

Donc j'ai passé le diplôme, avant d'être très vite embauchée dans une bibliothèque où j'ai travaillé avec les enfants, pendant plusieurs années.

Ensuite, j'ai été responsable du bibliobus, j'aimais beaucoup faire les tournées du bibliobus. Finalement, la bibliothèque espace adultes.

Pour moi, c'est une vie au milieu des livres... C'est ce que je préfère.

Je n'aurais pas aimé faire un autre métier, à part peut-être guide de montagne ! Bibliothécaire, c'est comme une vie construite avec des briques qui seraient des livres.

Vous avez des échanges professionnels en tant que bibliothécaire avec des auteur.e.s, des éditrices, des éditeurs ?

Les éditeurs et les écrivains, je les connais à la fois en tant qu'auteure et à la fois en tant que bibliothécaire, donc je suis souvent amenée à les rencontrer.

Soit dans des festivals, des rencontres littéraires, ou lorsque je les invite pour des animations au sein de la médiathèque.

Les éditeurs, c'est la même chose, je les connais en tant qu'auteure et en tant que bibliothécaire. Je suis sensible à leur travail, à certaines collections.

Il y a certains éditeurs que j'apprécie particulièrement ; j'aime surtout les éditeurs indépendants, qui vont faire un vrai travail de fond, comme pour les éditeurs de poésie, mais pas seulement.

Je pense par exemple à La fosse aux ours, les éditions Verdier, les éditions Corti, qui font un remarquable travail pour faire connaître des auteur.e.s de grande qualité.

Ce sont des éditeurs en qui on peut avoir totale confiance ; on sait pas exemple qu'un livre édité par Verdier est toujours un très bon livre.

Qu'est-ce que vous lisez ?

Je lis essentiellement de la littérature. De la poésie, des romans.

Plutôt des romans ou des textes d'éditeurs, ou d'auteurs, en qui j'ai confiance, dont j'apprécie le travail.

J'ai lu récemment un livre d'Anna Akhmatova, qui était une poète russe, sur le peintre Amadeo Modigliani (Vous êtes en moi comme une hantise, aux excellentes éditions Harpo &), un livre de Ota Pavel, écrivain tchèque, ''Comment j'ai rencontré les poissons''.

J'ai lu aussi ''Le tailleur de la grand-rue'' de Giuseppe Bonaviri ; j'aime beaucoup les auteurs italiens.

Mais mon coup de cœur est vraiment la redécouverte d'Henri Bosco, qui est un auteur oublié et que je conseille vivement.

J'aime aussi les contes et le théâtre.

Qu'est-ce qui vous prend du temps et de l'attention ?

Je pense que l'important est l'attention au lecteur.

Il y a les gens qui viennent lire pour passer un bon moment et se divertir ; on me demande alors des livres pas trop compliqués.

Mais d'autres viennent lire pour construire une pensée, s'instruire, découvrir quelque chose, je les redirige sur des ouvrages plus ''complexes''.

On doit comprendre ce que veut la personne, sa demande, plus ou moins exprimée ; la reformuler avec elle pour bien la comprendre.

Il y a aussi l'attention portée aux collections. Avoir des livres qu'on aime, qu'on a envie de défendre.

Mais bien sûr, il faut répondre à tous types de besoins, toutes les envies... Donc veiller à ce que la collection soit équilibrée. La bibliothèque est un peu un jardin. Il faut l'entretenir... Il y a du désherbage à faire, des nouvelles fleurs qui éclosent... Et ça, ça demande aussi beaucoup d'attention.

De quoi parlez-vous avec les lecteurs, les lectrices ?

A priori, de livres ! Mais on peut aussi être à l'écoute de gens un peu seul.e.s qui viennent à la bibliothèque. Néanmoins, le livre est un vecteur de toutes sortes de "choses de la vie"... C'est un ruisseau, la vie le traverse.

Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Que j'espère que ce métier ne mourra pas... que la médiathèque restera un lieu d'échange malgré la mécanisation de certaines tâches...

Certains jours cela me fait un peu peur.

Quoi quoi qu'il en soit c'est un métier magnifique : mettre en relation des livres et des gens.

Merci beaucoup !

J'espère que cela t'aura plu. Je te souhaite une bonne... fin de journée, hein ! Pas un "bon début de journée"..!

Un grand merci à Marie Huot pour avoir accepté l'interview, pour notre plus grand plaisir.

Dan Advocat